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         Thomas Vauthier.

Metapets

2022.
Peintures digitales.




Cette série a été pensée comme une collaboration avec des formes d’intelligence artificielle, ou plus précisément des systèmes neuronaux fonctionnant sur le principe du « text to image ». Comme leur nom l’indique, cette technologie vise à génèrer des images à partir d’instructions textuelles. Les résultats sont très réalistes si l’on reste dans le cadre de phrases simples et cohérentes. Il me semblait intéressant d’éprouver les limites de cette nouvelle forme d’intelligence en l’exhortant à produire des images avec des entrées textuelles qui dépassent son entendement; par exemple une variation de la célèbre formule du Compte de Lautréamont: « Chance Meeting on a Dissecting Table of a Furry Animal and an Alien Jellyfish ». En jouant sur un registre textuel plus complexe, et sur des associations d’idées, l’IA a produit des résultats étonnants, qui sont du registre de l’accidentel. Ces sortes de glitch poétiques incarnent donc pour moi une sorte d’inconscient de la machine, à la manière de rêves ou de délires. Ces créations manifestent une continuité des pratiques artistiques surréalistes : il ne s’agit plus de cheminements à l’intérieur de soi, mais d’un sondage de l’inconscient de cette excroissance technique de l’humain qu’est l’intelligence artificielle. De même, il y a un lien évident entre le procédé de l’écriture automatique (cher à André Breton, entre autres) et les formes de générativité propres aux IA.

Ayant généré des centaines d’images à partir de cette méthode, j’ai par la suite sélectionné celles qui m’intéressaient le plus, à savoir celles qui relèvent d’états métamorphiques. Ce sont des sortes de chimères ectoplasmiques, des morphologies psychologiques et animistes, tout droit sorti - non pas de l’intelligence artificielle mais - d’un inconscient artificiel. Des formes d’êtres hypothétiques et inédites que je collectionne pour composer un bestiaire; à la manière d’un êtronaute.


Par la suite, j’ai utilisé le médium de la peinture digitale pour retravailler ces images. C’est donc une collaboration en trois temps avec la machine : un texte poétique lui est instruit,à partir duquel la machine va produire un visuel, que je vais modifier dans l’interface du programme pour ensuite le repeindre. Cette forme de co-auctorialité est également synonyme d’un jeu avec le hasard génératif et d’un débordement de ma subjectivité propre : je ne contrôle pas ce que la machine va produire et me laisse aller moi aussi au glitch, pour finalement tenter de créer à partir de ces bugs, de voir dans les taches et d’embellir les rebuts de l’IA. La peinture digitale permet en outre de travailler à des échelles spécifiques et de mettre en valeur aussi bien la figure globale que des visions plus microscopiques, de créer des contrées et des reliefs, comme une sorte d’infra-métaverse.